De la classique lune de miel à la
classique lune de fiel…
Il y a
quelques mois, dans le dispositif d’attente d’une institution privée, un débat
venu de presque nulle part s’échoua sur le terrain politique. Nous étions en
mai 2016 et le Bénin fut vanté comme un pays particulier où les citoyens
avaient toujours le dernier mot sur leurs dirigeants, contrairement à d’autres
pays voisins. Quelqu’un mit l’accent sur le fait que le président sortant et
sorti ne faisait plus l’affaire et qu’à coup sûr, le choix du nouveau président
Talon était le bon. Trouvant la remarque trop flatteuse, je lui
répliquai : « Les béninois savent très bien ce qu’ils attendent de
Talon ; son élection n’est pas une finalité ; il peut s’avérer ne pas
être le bon. Et si il lui prenait de jouer au même jeu que le précédent, alors,
comptez sur ce même peuple pour lui
botter le derrière et le renvoyer d’où il vient en réclamant à cors et à cris
son ancien challenger ». Une femme (ressortissante d’un pays voisin)
rétorqua : « Oui mais, est-ce bien de changer autant de
président ? Vous les béninois, vous aimez trop les palabres ». A quoi
je répliquai : « D’abord, Madame, un président, ce n’est pas pareil
qu’un époux. Changer de président ne revient pas à se prostituer. Et
d’ailleurs, ce changement est prévu par la constitution. Nous aimons peut être
les palabres, mais cela permet aux tensions de s’écouler plutôt que de se
cristalliser et d’exploser». Je mis ainsi fin au débat dans lequel je m’étais
lancée en bonne fille du peuple (peu importe lequel), sans savoir que le ‘’bottage’’
de cul (pardonnez moi ma crudité) n’attendrait pas des années pour arriver.
Mais en réalité, cette dame avait bien raison
dans une mesure relative ; car il s’agit bien d’un mariage, mais un
mariage à durée déterminée, précise et prévue par la Constitution. Et qui parle
de mariage parle de raison ou d’amour. Et quand l’amour ou la raison déserte
cette union, on assiste au réveil brutal de la Belle au Bois Dormant….
C’est comme presque toujours l’histoire de la
princesse qui épousa un crapaud. Seulement que dans ce cas, la métamorphose du
cher époux se fait à l’envers : prince d’abord, crapaud ensuite. C’est
l’histoire désormais récurrente entre le peuple béninois et ses élus à la
magistrature suprême. Mais à dire vrai, le mariage Bénin-Patrice aura eu une
lune de miel la plus courte; juste
quelques mois de « je t’aime à la folie » et il n’est « plus du
tout » question d’amour. Nicéphore, Yayi et même le vieux K (paix à son
âme) auront mieux fait. Car en effet, il est bien question d’amour dans le
processus démocratique. Un jour, le père (Pouvoir Législatif) déclare que la
place de prince héritier (Président) sera accordée à celui qui aura su séduire
sa fille (le Peuple). Et dès lors, commence le ballet des prétendants ;
chacun vantant haut et fort ses mérites, réels ou supposés ; chacun y
allant de toutes tactiques plus ou moins honnêtes pour décrocher le cœur de la
belle. A chaque ballet amoureux, un nouveau visage se dresse, plutôt nouveau
dans le paysage politique et séduit la princesse en mal d’exotisme. Car ce qui
est nouveau a toujours tous les attraits, n’est ce pas ? L’exotisme était
au rendez-vous de cette campagne matrimoniale ou présidentielle, si vous le
voulez. Le candidat le plus exotique aura néanmoins été balayé pour cause
d’accointances avec un parent trop local. Ainsi, le brave Patrice, tel Paris
séduisant Hélène a enlevé le cœur des béninois, qui l’ont triomphalement porté
aux commandes de leur destin.
Pendant deux lunes environ, les effigies du
couple présidentiel étaient hardiment comparées à celle de Barack et de
Michèle, l’élégance et la prestance du
tout nouveau président étaient béatement admirées et c’est le cœur battant la
chamade que les béninois bavaient en tournant leurs désirs (comme le veux la
bible) vers NOTRE président.
Puis tout à
coup, comme dans le conte populaire, les cheveux blancs de la nouvelle mariée
repoussèrent bien vite. Déguerpissements brutaux de la voie publique, chasse
aux supposés trafiquants de drogue, tentative de révision de la constitution, etc.
Les frasques du nouvel époux ont bien
vite fait de sonner le début de la lune de fiel. Désormais, entre Patrice Talon
et les béninois, la guerre est déclarée. Et nous livre désormais chaque semaine
de nouvelles scènes qui secouent le toit depuis la cuisine au portail en
passant par l’arrière-cour.
Mais au-delà du vaudeville du
couple en mal de sensations et asservi aux scènes de ménage spectaculaires, que
devra retenir le béninois quand aux quatre années à venir ?
A coup sûr, la politique
béninoise est parcourue de remous. D’aucun y voient l’expression pratique d’un « J’aviserai »
désormais légendaire? Beaucoup se demandent où va le bateau Bénin, pendant que d'autres se remettent avec plaisir à enfiler leurs gants pour un jeu auquel ils sont bien rompus: la "politicaillerie"
Au-delà de tout, Patrice Talon apportera-t-il
à son peuple ce que ce dernier désire au quotidien ???
Ariane Abla Adjolohoun
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